le loup

Rencontre: le loup

Extrait du magazine Tout Chien (voir le sommaire du Numéro 31)

Vers un retour inéluctable du loup ou un éphémère séjour ?

Officiellement éradiqué à la fin du XIXe siècle, le loup fait son retour dans nos forêts. Quelle sera sa place dans le contexte d’une nouvelle cohabitation avec l’homme à l’heure où notre campagne est de plus en plus désertifiée ? Malgré notre conception ethno-centrée de la nature qui fait que nous ne nous sentons rassurés qu’à force de croire, bien sottement, que nous la dominons totalement, saurons-nous laisser une place suffisante à cet animal magnifique et sauvage ?

Même s’il ne fait parfois que passer, présent dans la plupart des départements du Nord de la France, en Ardennes belges, aux Pays-Bas et au Grand-Duché du Luxembourg, le loup effectue un retour très médiatisé ces dernières années. Qu’il soit originaire d’Italie ou d’Allemagne, il a su résister à des siècles d’élimination systématique à grande échelle.

Incarnant le Mal pour les pouvoirs spirituels et politiques, le loup ne doit sa survie qu’à sa discrétion et au bon vouloir d’hommes, diversement impliqués, qu’ils soient Transalpins, Ibères, Allemands ou Français. Vivra-t-on une nouvelle extinction ou bien l’homme saura-t-il faire une place dans ces milieux souvent très dégradés à ce survivant d’un autre âge ? La question reste posée.

Un redoutable destructeur de troupeaux

Rarement impliqué dans la mort d’êtres humains, le loup peut être un redoutable destructeur de troupeaux. Ce problème qui soulève aujourd’hui les passions n’est pas perçu par le monde pastoral de manière identique selon les modes d’élevage pratiqués ici ou là. Si en France le loup est, de par les nombreuses brebis tuées chaque année, synonyme du mal, dans d’autres pays, les rapports entre le Loup et l’Homme sont vécus différemment.

En Italie par exemple, là où le loup n’a jamais quitté les forêts, les éleveurs, plus nombreux et pourtant isolés en montagne, n’ont jamais renié les procédures ancestrales destinées à éviter les attaques de loups : présence d’un berger nuit et jour et de chiens, mise en enclos du troupeau durant la nuit, utilisation de bergeries, traite régulière des animaux pour la production de fromage, hivernage dans les vallées.

Ces pratiques nécessitent l’utilisation d’une main-d’œuvre rurale qualifiée, mais sous payée au point de devoir parfois faire appel à des migrants subsahariens.

Face à la difficulté d’accès aux primes de dédommagement, les Italiens ont fait le choix pragmatique de la gestion proche des troupeaux. L’Italie, l’un des pays européens qui compte le plus de loups, reste donc l’un des moins impactés par les attaques de troupeaux. Dont acte.

Le loup cristallise tous les maux des éleveurs

En dehors des zones montagneuses où se pratique l’élevage extensif sous la surveillance de bergers et de chiens, en France, avec une main-d’œuvre agropastorale moins habituée à faire face aux prédations des carnassiers, moins présente en nombre sur le terrain et plus couteuse, le monde agricole voit d’un mauvais œil le retour du loup.

Bien que les aides se soient rapidement mises en place, le loup semble cristalliser tous les maux des éleveurs. Entre les intérêts économiques d’un monde rural en recherche de nouveaux équilibres et l’élan de sympathie des citadins et des écologistes pour le loup, l’Etat se doit de répondre de la moins mauvaise des manières en tentant de préserver les intérêts de chacun.

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