Le magazine Tout Chien Numero 43

Edito Tout Chien ! N° 43

Chiens, retraite et retraités

À quelle actu se raccrocher ce mois-ci pour faire le parallèle avec les chiens ? Après le Covid, les incendies, la maltraitance, on aurait pu parler de Palmade, de la drogue et des chiens détecteurs de stupéfiants. Mais cela aurait été vraiment plus que malvenu.
Quoi d’autre ? Aborder le thème des disparitions de chiens suite à la découverte des corps de Leslie et Kevin à Puyravault (Charente-Maritime) et à l’appel lancé sur les réseaux pour retrouver Onyx, le croisé staff de ce jeune couple. Glauque là aussi quand même.

Que nous reste-t-il alors à nous mettre sous la touche du clavier ? Les retraites et la réforme, pardi ! Allez, vendu. Et ce n’est finalement pas si anodin qu’il y paraît.
À quel âge un chien est-il vieux au fait ? Il ne suffit pas de multiplier par 7 pour avoir son âge en équivalent humain. C’est un peu plus complexe que cela et plusieurs facteurs entrent en ligne de compte comme la race à laquelle il appartient, son mode de vie…

Les chiens de petite taille vivent plus longtemps que les chiens de grande taille. En moyenne, à 10 ans, le chien a 60 ans en âge humain pour un petit, 75 ans pour un moyen et 96 ans pour un grand chien. C’est la lutte des classes pour prétendre s’affaler dans le canapé et devenir un chien pantouflard !

Pas besoin du 49.3 de la Constitution pour décider de la retraite des chiens. Pas d’âge légal mais un âge limite tout de même. Au moins pour les chiens de travail comme ceux de la gendarmerie, de l’armée, de la police, des douanes, de recherches en décombres… Pour ceux-là, deux possibilités quand a sonné l’âge de la retraite : soit ils restent aux côtés de leur conducteur, ce qui n’est pas toujours le cas. Soit ils sont placés dans des familles d’accueil pour couler une douce fin de vie. C’est tout ce qu’on leur souhaite.

Tout comme ces chiens réformés d’élevage comme on les appelle. Ce ne sont pas systématiquement de vieux chiens. Leurs éleveurs peuvent s’en séparer parce qu’ils sont porteurs d’une tare ou d’une maladie (voir aussi notre rubrique « Éducation », p. 28/30, Vivre aux côtés d’un chien handicapé), qu’ils ne peuvent plus reproduire mais aussi pour une question de place, de moyens financiers, voire parce qu’ils sont retirés d’un élevage pour mauvais traitements. Cela arrive malheureusement et ce n’est pas beau à voir.

Certains éleveurs, quand ils le peuvent, ne se séparent pas de leurs vieux chiens. D’autres non et c’est souvent un frein à l’adoption pour ces animaux quand aucune solution de replacement n’est trouvée. L’association « Une retraite au Poil » * créée en 2016, par exemple, intervient dans le placement en famille d’accueil ou en adoption de chiens (surtout des femelles) principalement issus de l’élevage et qui ne connaissent rien à la vie de famille.

Le ministère de la Santé et de la Prévention indique que les personnes âgées de 60 ans et plus sont au nombre de 15 millions aujourd’hui. Elles seront 20 millions en 2030 et près de 24 millions en 2060. Le nombre des plus de 85 ans passera de 1,4 million aujourd’hui à 5 millions en 2060. Peut-on prendre un chien lorsque l’on est soi-même âgé et en assumer la charge ? Certains se posent à juste titre la question et cela constitue également un frein à l’adoption.

Pour combler le désir d’avoir un chien à ses côtés sans la peur de partir avant lui, il est possible de devenir Home-Sitter ou Pet-Sitter. Certains sites Internet et associations se sont d’ailleurs spécialisés dans la mise en relation entre seniors et maîtres à la recherche d’un système de garde à leur domicile (ou pas), à la journée, le temps d’un week-end ou de vacances. Il suffit de taper « retraités garde chien » dans un moteur de recherche pour trouver de nombreux contacts.

De nouveaux services voient peu à peu le jour à destination des personnes âgées comme la mise en place d’un programme d’accompagnement spécialement conçu pour aider les seniors à prendre soin de leurs animaux. Nous y reviendrons dans notre prochain numéro.

Reste enfin la question de l’anticipation du décès brutal du maître. Il faut y penser (voir notre rubrique « Mode de vie » page 62/66). Que va devenir le chien dans ce cas-là ? Sans le coucher sur un testament pour autant, laisser des consignes à des amis, de la famille, etc. apparaît comme une sage précaution si l’on s’inquiète du devenir de son chien en cas de malheur.

Mais bonne nouvelle : l’espérance de nos vies s’établit selon l’Insee** à 78,4 ans pour les hommes, et 84,8 ans pour les femmes. L’institut projette un allongement continu de l’espérance de vie d’ici à 2060. Cette année-là, elle devrait être de 86 ans pour les hommes et 91,1 ans pour les femmes. Cela nous promet de beaux jours et peut être une belle retraite. Va savoir !

Claude Pacheteau

* www.uneretraiteaupoil.org

** Institut national de la statistique et des études économiques.